Qui colore ses ciels
De pouffées d’ocres, d’orange et de vermillon
Qui enrégimente sur la neige bleutée et poudrée
Les ombres violacées
Des piquets qui percent le blanc édredon
Des arbres en deuil de leurs feuilles
Des demeures renfrognées aux cheminées fumantes
Des passants attardés qui pressent le pas
À la conquête des horizons perdus aux confins de l’infini
Grisaille des brumes du matin
Couvrant vaches et veaux endormis dans le pré
Brumasse percée de rayons chargés d’une luminosité engourdie
Silence de l’aube
Qui résonne des jappements désordonnés
Des chiens en devoir à la ronde
Au rapaillage du troupeau
Encore éberlué par la nuit froide et noire
Mon pays c’est la grisaille des matins
Qui tamise la lumière du ciel
Jeunes veaux
Qui tentent toutes les gambades
Dans les prés verdissant
Et qui pètent au printemps
La liberté de leur libération
Devant le soleil levant
Mon pays c’est le printemps
Et ses trompettes de liberté
Escadrons de mouches
Qui sillonnent les environnements non protégés
Que la mitraille des tapettes
N’arrive jamais à décimer
Dont les gluants squelettes
S’affichent dans les cuisines
Au-dessus des têtes
En épitaphes mobiles,
Tordus et cuivrés de mélasse
Mon pays c’est l’été et ses voraces moustiques
Flamme vacillante de la lampe à pétrole
Qui étire les ombres des enfants appliqués à leurs devoirs
Chaises alignées le long des murs
Qui attendent la visite
Gestes et tons de voix
Qui miment et répètent les luttes politiques
Dense fumée des pipes et des cigarettes entremêlées
Qui couvre les belligérants pérorant autour de leurs crachoirs
Enfants qui courent et qui pratiquent sur les lits le trampoline
Tantes qui se montrent leurs tricots
Images de fête ou la retenue fait relâche
Mon pays, c’est la maisonnée en fête
Voûte grise des automnes mornes
Sous la pluie qui trempe les vêtements
Et recroqueville les flancs
Sloche des printemps hésitant
Qui malaxe de neige en décomposition
La glaise gelée
Agglutinant d’épaisse colle
Les souliers vernis
Crottant d’un gris incrusté
Les vêtements endimanchés
Mon pays, c’est la glaise délayée
Des automnes sans soleil
La gadoue des printemps inondés
La grise poussière des étés sous la canicule
Des grappes d’enfants
Aux habillages multicolores
Qui les matins, midis et soirs des jours d’école
Déferlent en vagues agitées
Sur la route jaunie
Du Rang St-Alexandre
Tintement des canisses à lait qui s’entrechoquent
Embouteillage matinal des charrettes
Ruée vers la fromagerie
Gestes robotisés de la pesée
Retour du petit lait dessert des pourceaux
Laiterie en plein air
Où s’empilent les chaudières à laver
Et s’affairent les mouches affamées
Mon pays c’est l’industrie des artisans du lait
Parents et enfants de toute taille
Endimanchés
Qui gravissent le perron de l’église
Et entrent solennellement se placer
Avant la grand-messe
Avec curiosités et recueillement
Dans leur banc numéroté
Mon pays, c’est le silence qui prie
Petits et grands attablés
Pour la soupe du midi
Pour le bouilli du soir
Pour les grands-pères au sirop d’érable
Pour la triée des bleuets
Pour les jeux de cartes et de parchési
Mon pays c’est la famille réunie
De Lucien et d’Yvonne
Fusionnées en un seul cœur
Qui veillent avec tendresse
Aux marmots en croissance
Qui stimulent les initiatives
Harmonisent les liens parfois discordants
Impriment à chacun l’itinéraire du bon sens
Pour former une famille capable de défier tous les temps
Mon pays c’est Hormisdas,
Lucien et Yvonne
Et les quinze à qui ils ont prodigué
De multiples dons de vie
Ces photos disparates
De mes treize ans
À St-Zéphirin
Composent un tableau
Succession de journées ordinaires
Temps aplatis et étirés comme ses horizons à n’en plus finir
Monotonie des habitudes ancrées
Journées aux engrenages aléatoires
Croisement de visages familiers
Inlassablement connus et reconnus
Agglomérat de faits sans histoire
Bouquet échevelé des pousses de toute saison
…
Ce bouquet risque de sécher
D’engluer ses formes,
Ses sonorités et ses couleurs
Sous la patine des temps qui ont passé
Dans l’opaque absurde des philosophes
Sous l’éclairage des souvenirs
Ce bouquet devient gerbe
Gerbe qui reprend ses allures sauvages
Retrouve ses verts teintés de finesse
Allume à ses tiges ses bourgeons et ses fleurs
Répand ses odeurs fugitives
Vibre même des tonalités d’époque
Sous l’éclairage des souvenirs
Ces treize ans marqués d’anonymat
Deviennent source d’eau vive
Qui accompagne tous les présents
Foyer qui réchauffe de ses fraternités
Nos êtres unis par le temps et par le sang
Promesses d’énergie et de durée
Pour franchir les mers du temps
Et surfer leurs vagues en modulations infinies
++++<++++++++++++++
Le volume 2 repérera de son ultraviolet quelques instants de vie au sein d'une nouvelle famille, celle des Frères du Sacré-Coeur.
Soyez des nôtres!
Prochaine publication : décembre 2009 Volume II
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Je n'ai qu'un seul mot pour exprimer mon émerveillement et le voilà ce mot..."EXCELLENT".
RépondreSupprimerJe n'ai que des éloges pour votre blog.
Il est des mots et des images qui resteront gravés à jamais, comme un album souvenir.